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Lettres ouvertes à la Cinémathèque Française
7 février 2016

Témoignage 6. Gabrielle G.

En 2009 je commence mes études de cinéma puis aux Beaux arts, il me faut donc dans le même temps financer mes études, je cherche en tout logique du travail dans les institutions culturelles qui me semblent « proches » de mes études.

Je vais travailler 4 ans pour la société City One.  Entre mes 19 ans et mes 23 ans, j’ai été hôtesse d’accueil et de caisse pour trois musées différents,  l’Institut du monde arabe (à l’époque où sa sous-traitance était encore gérée par city One), le Musée de la Poste et la Cinémathèque Française. Je n’ai eu que des CDD courts (week-ends et journées uniquement)
J’ai donc fais mes premiers pas avec City one dans le monde du travail. Un monde dans lequel j’ai découvert que les relations et les valeurs humaines n’étaient pas importantes. Un monde où le travail se faisait au minimum voir en dessous des législations légales.
Pas de tickets restaurant, pas de cantine (mais un panier repas de 3,45euros sur la fiche de salaire, s’il n’y avait pas d’oubli) pour déjeuner dans les musées du 12ème, 15ème et 5ème arrondissement.
Concernant la Cinémathèque française, une salle de repos nous était réservée, au sous-sol du bâtiment, sans fenêtre, avec un frigidaire et micro onde pas entretenus. En face, les toilettes du personnel constamment bouchées. Alors si la chance d’avoir une pause déjeuner de plus de 30 minutes me permettait de prendre mon temps pour manger, il valait mieux qu’il fasse beau pour que je puisse m’installer dans le parc de Bercy.
L’exposition Tim Burton (premier grand succès pour la cinémathèque) a eu l’effet de révéler le pire de nos supérieurs internes. La pression est montée d’un cran, la cinémathèque n’ayant pas l’habitude de gérer une foule considérable, (jusqu'à 4 heures d’attente pour avoir accès à l’exposition). Nous étions désormais surveillés, de beaucoup plus près (les grandes sommes d’argent désormais dans nos caisses y étaient pour quelque chose). Il ne fallait faire aucune erreur de caisse sous menace de voir nos contrats s’arrêter net ou d’être relayé à l’accueil du musée de la Cinémathèque (ce qui voulait dire jusqu'à 5 heure d’affilés dans une pièce pratiquement plongée dans le noir).
Certains contractuels n’ont pas supporté la pression et la fatigue et ont abandonné. La menace d’une punition planait au dessous de nos têtes, à chaque instant. Au dernier jour de l’exposition nous n’avons eu aucun remerciement de la Cinémathèque ni aucune prime comme promis par City One. On verra à la rentrée.

En travaillant un an tous les week-ends au sein de la cinémathèque, (étant en contrat CDD pour deux jours à chaque fois je n’ai jamais eu la majoration du dimanche travaillé) j’ai eu l’occasion de saluer Alain Cavalier ou encore Nanni Moretti qui venaient pour présenter une séance, une rétrospective, mais jamais je n’ai eu l’occasion de serrer la main de Monsieur Toubiana. 
Le mépris était clair, nous devions être là pour faire notre boulot,  mal payés, dans des conditions bancales et tout en souriant.
Sans parler des remarques racistes de certains de nos supérieurs : «  l’équipe de Kubrick piquait dans la caisse, comme c’était beaucoup d’arabe »… (D’autres exemples apparaissent dans le courrier écrit au moment de la grève, publié sur internet avec la video).  Il n’était pas rare également de voir mes collègues féminines pleuraient, dû au harcèlement d’un supérieur masculin. (Certainement essayait t-il d’exprimer « maladroitement » le désir qu’il pouvait éprouver pour certaines d’entre elle).
Notre supérieur chargée de la billetterie (embauché Cinémathèque) assumait le mépris qu’elle éprouvait pour chacun d’entre nous. Jamais elle ne jugeait nécessaire de nous dire bonjour, jamais elle nous a félicité et si quelque chose n’allait pas elle ne prenait pas la peine de venir nous voir mais appelait nos chefs. Il ne fallait surtout pas nous parler, puisque nous n’étions de toute manière pas des êtres humains
En septembre 2012 on nous présente notre nouvelle chargée d’exploitation, qui se qualifie d’elle même de « petit Mussolini ». A partir de là, le semblant de confiance que nous pouvions avoir avec l’ancienne chargée d’exploitation est rompue. Pour cette année-là, je ne peux que travailler pour les vacances scolaires à cause de mes études. Mais notre nouvelle chargée d’exploitation n’en tient pas rigueur. Je serais obligée de supplier pour travailler quelques jours pendants les vacances de Noël et au printemps 2013. On me promet que je travaillerais en 35h pour les vacances d’été 2013 mais pas forcément pour la Cinémathèque, j’accepte. Mais à ma grande surprise en juin on me propose un contrat de 4h par jour au sein du Musée de la Poste. Je ne peux pas faire plus d’heures puisque ma collègue de l’après midi fait 4 heure également, ce qui évite à l’agence d’avoir à payer le panier repas. C’est une économie donc.

Après cette dernière expérience qui me confirme que l’humain n’est pas considéré du tout, qu’il faut juste être un robot pour assurer l’accueil de n’importe quel lieu culturel, j’arrête de travailler pour City One et pour des musées en sous-traitance.
(Tout au long de mes expériences j’ai rencontré d’innombrables personnes en procès au Prud’homme avec l’agence, et je crois que sur internet les témoignages de manquent pas).

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