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Lettres ouvertes à la Cinémathèque Française
8 février 2016

Témoignage 15. N. R.

Ce que dénonce Anna dans sa lettre ouverte à la Cinémathèque n'est malheureusement pas un cas isolé ou une exception. Les conditions de travail décrites sont pratique courante dans les métiers de l'accueil (et dans bien d’autres d’ailleurs…).
 
C'est très simple, pour être embauché dans une agence d'hôtes/hôtesses d'accueil, il faut être disponible 7j/7. Principale condition. On peut également évoquer les critères physiques, ce qui n'est pas très moralement acceptable, mais oui, la vitrine ne doit pas être trop désagréable à regarder!
 
J’appuie chaque fait dénoncé par Anna sur nos conditions de travail, j’ai vécu ces situations-là, et je souhaite seulement ajouter quelques faits de ma propre expérience afin de corroborer son témoignage.
 
J'ai travaillé non loin de 10 mois en tant qu'hôtesse d'accueil à la Cinémathèque, en CDD, et avec un salaire oscillant entre 300€ au plus bas et 1000€ maximum par mois. Souvent aux alentours de 500-600€ par mois. Dérisoire. Alors que l’agence savait très bien que j’étais très disponible car en recherche d’emploi post master. Et il fallait régulièrement insister pour être davantage bookée sur les plannings.
 
Outre les amplitudes horaires délirantes (de 10h jusqu’à 22h), il m’est arrivé de travailler pratiquement 15 jours d’affilés sans aucun jour de repos. Il ne me semble pas que ce soit très légal mais malheureusement avec un contrat précaire et un loyer à payer, a-t-on vraiment le choix de refuser ?
 
A la fin de la saison 2013, j’avais une promesse d’embauche à un poste correspondant aux études que j’avais faites. Cependant, je ne connaissais pas la date exacte de mon embauche, certainement fin septembre me disait-on. Je n’avais donc pas annoncé à City One et à mes chefs d’équipe mon départ ne sachant pas quand il aurait lieu et aussi parce que j’avais besoin de continuer à travailler en attendant la prise de poste. Le mois d’août la Cinémathèque fermait mais on m’avait proposé quelques jours de remplacement à l’accueil administratif qui lui restait ouvert. J’ai bien entendu accepté. Tout s’était bien passé. Mais fin août je n’avais toujours pas reçu le planning du mois de septembre alors que mes autres collègues si. Inquiète, je me renseigne un peu autour de moi et on me laisse entendre que l’information sur mon départ aurait fuité. Étonnant que l’agence d’accueil ne m’ait pas directement interrogée sur cette information avant de m’évincer complètement de mon poste, sans aucune annonce de leur part bien évidemment ! J’ai donc dû contacter moi-même la référente Cinémathèque à City One afin d’obtenir de vagues explications (on lui aurait dit que je quittais mon poste d’hôtesse), et d’être réintégrée dans l’équipe pour quelques jours, en remplacement !
 
J’ai toujours trouvé très surprenant le choix fait par la Cinémathèque de sous-traiter pour son personnel d’accueil, et donc de le précariser. N’est-elle pas en mesure de gérer ça en interne et de proposer du travail dans des conditions décentes et pérennes à tous ses employés ? Car la direction ne peut prétendre ignorer dans quelles conditions travaillent le personnel d’accueil, mais aussi le personnel d’entretien et de sécurité, et de quelle manière ils sont considérés. Il y a clairement un fossé social entre certains membres de la Cinémathèque et ce « petit personnel », et un manque de respect évident. Ce choix fait d’un travail précaire et malléable est d’autant plus choquant (car il s’agit bien d’un choix, rien n’a été imposé), venant d’une association, institution prestigieuse et reconnue, se targuant – par sa programmation et certaines « personnalités » de sa direction – de pseudo valeurs de gauche, soit disant aux côtés du peuple et de ses luttes… Quelle hypocrisie !
 

Alors oui, comme Anna, je demande que la Cinémathèque soit à la hauteur de l’image et des valeurs dont elle se prévaut, et qu’elle agisse en conséquence.

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