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Lettres ouvertes à la Cinémathèque Française

3 mars 2016

Passage au TUMBLR

Bonjour à tous, pour plus de lisibilité nous sommes passés sur TUMBLR : http://locf.tumblr.com/tagged/loi-du-travail

Les prochains témoignages seront donc publiés à cette adresse.

 

Merci à tous pour vos précieux témoignages de soutien.

 

 

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15 février 2016

Témoignage 26. Personne ayant travaillé en interne chez CITY ONE

Les conditions de travail des salariés se sont dégradées avec le changement de direction il y a déjà quelques années mais il y a toujours eu quelques abus notamment au niveau des salaires, type erreur de fiches de paie à répétitions.
En effet le directeur Marc B. tout comme à l'époque Delphine S.et désormais Cristina G. se soucient peu des conditions de travail, de la législation et du bien ou mal être des salariés à la Cinémathèque Française ou sur d'autres sites culturels.
Le turn-over leur est égal puisque leurs recrutements est basé sur le physique avant toute chose.

Nous avons eu le droit à des remarques du genre "il faut les virer, ils sont moches" ou alors "cache les hôtesses les moins belles" - durant certaines soirées événementielles -  toujours dans le culturel je précise.

Les clients tels que La Cinémathèque Française connaissent les dérives et ne s'en soucient guère.

15 février 2016

Témoignage 25. Jean G.

J'ai découvert la Cinémathèque vers l'âge de six ans, dans le cadre de Chaillot.
Ce lieu avait une charge fantastique.
Le respect imprégnait le lieu et les gens qui y pénétraient.
Lorsque je me renseignais auprès d’un agent d’accueil dans les locaux de Bercy et que j’appris le nom de City One je fus surpris.
Mais la joie d’avoir une piste pour travailler à la Cinémathèque balaya tout.
J’étais à l’époque apprenti comédien dans un atelier avec vingt heures de cours par semaine.
C’est la seule réserve que je posais lors de l’entretien d’embauche planifié très rapidement.
« Nous recherchons des profils variés et nous adapterons sans problème les plannings en fonction de vos impératifs. » me répond la très souriante chargée de recrutement.
Le rêve !
Il s’est avéré que j’ai manqué énormément de cours (plusieurs mois dans l’année) car les plannings que nous recevions parfois le dimanche soir pour la semaine, ne prenaient pas en compte nos impératifs.
Un jour que j’abordais ce sujet avec la personne même qui m’avait recruté, je me vis répondre : « Vous mentez, il n’a jamais été question d’adapter les plannings. »
J’étais hébété.
Nos plannings étaient fantaisistes, avec parfois de longues pauses de plusieurs heures entrecoupant la journée.
Nous pouvions terminer avec la séance de 22h (il fallait ensuite compter sa caisse et faire signer le bordereau par le chef d’équipe, ce qui repoussait l’heure du départ) et commencer le lendemain à 9h (ave consigne d’être présent à 8 h30 sans défraiement pour cette demi-heure supplémentaire).
Il nous était demandé d’adopter une approche standardisée de l’accueil, mais cette demande n’est pas réaliste en ce lieu.
La Cinémathèque draine des passionnés de tous horizons et de toutes générations.
Cette passion ne peut être canalisée qu’avec l’empathie et la bienveillance, certainement pas avec des attitudes formatées.
Les habitués de longue date étaient le cauchemar des personnes chargées de l’accueil des publics, rêvant d’une foule de jeune trentenaires « présentant bien ».
Remarques sur leur physique ou leurs attitudes, toujours dénuées de bienveillance.
Un jour que j’aidais à réserver des places qui allaient être offertes à des personnes dans le besoin du 12e arrondissement, j’évoquais la séance Playtime de Tati en 70mm. La responsable de la billetterie lâcha un « Certainement pas. » sans appel. De la confiture aux cochons. La séance qu’on leur offrit était un obscur film dans une petite salle, en parallèle des séances évènements.
Nous avions interdiction de frayer avec les employés de la Cinémathèque ainsi que les abonnés.
Le courant passant très bien entre nous et les employés et abonnés, l’absurdité de telles consignes était toujours plus pesante à mesure que le temps passait.
Pour un simple bonjour échangé nous prenions des mines de résistants, parlant sans remuer les lèvres.
C’était grotesque à vivre.
Nous réalisions que la gestion de l’accueil des publics était confiée, en interne, comme en externe, à des personnes inaptes à le gérer.
La « cliente » de l’agence, Tiphaine C, était une personne complètement froide que l’on pouvait sentir presque craintive parfois et qui ne nous approchait que très exceptionnellement et toujours accompagnée.
Elle ne s’adressait qu’à nos chefs d’équipe.
Elle serait idéale en directrice d’établissement pénitentiaire.
Mais la Cinémathèque lui glisse entre les doigts.
Elle n’arrive pas à prendre prise et tente de durcir toujours plus son emprise dans un cercle vain.
Sa rigidité est en lutte constante avec l’énergie mouvante et  chaotique du lieu.
La cinéphilie et la passion qui draine les gens qui animent la Cinémathèque sont hors de la sphère d’influence d’une personne aussi assidûment formatée.
Elle est méprisée par tous, agents d’accueil, internes, abonnés.
Cette erreur qui perdure depuis des années est incompréhensible.
Inspirant la terreur et complètement inadéquate à ce poste, sa toxicité s’exerce sans limites.
Nos supérieurs hiérarchiques City One vivaient dans la crainte absolue de cette femme qui cinglait froidement ses exigences toujours grandissantes de contrôle, mise sous pression, volonté d’annihiler la singularité des rapports et de chacun.
Cette ambiance dépassant largement le cadre de l’accueil.
La situation est similaire pour les personnes internes, les rapports durs, empreints de tension.
Certaines situations perdurent malgré la souffrance, parce que la vocation de faire vivre la Cinémathèque est la racine de l’engagement de beaucoup.
Le sentiment d’être menacé de l’intérieur par une (des) présence(s) néfastes.
Un fait inédit et qui dure.
Le Ministère de la Culture, s’il a pu être à l’origine de certaines directions et objectifs, s’est sûrement trompé par manque de connaissance et de recul sur les particularités du lieu.
Peut-être l’image renvoyée par ces témoignages permettra une vision plus concrète de ce dont la Cinémathèque a besoin pour exister pleinement.
Il ressort un vrai traumatisme de nombreux anciens agents vis-à-vis de leur expérience City One.
Outre ceux qui témoignent, nombreux sont ceux qui refusent simplement de se replonger dans le sujet.
Les méthodes employées dépassaient tellement le cadre de ne ce que nous imaginions possible, tout cela était si caricatural, que pour ma part, je mis un long moment à réaliser l’ampleur du problème.
Car en parallèle notre équipe était très joyeusement soudée et nous avons développé un lien indéfectible malgré les chemins de chacun.
Nos rapports avec les employés internes étaient sains et solidaires.
L’un d’eux travaillait à la librairie et a été remercié depuis.
Il était parfait à ce poste et ce point de vue est unanime.
Eradiquer des personnes aussi idéalement à leur place pour la Cinémathèque est suicidaire.
Comment cela peut-il arriver ?
D’autres ont subi le même sort, comme Stéphane, projectionniste, doué, humain, passionné et solidaire avec les agents d’accueil.
Ces personnes ont bien entendu été éjectées sous de fallacieux prétextes au sujet desquels personne n’a été dupe.
Mais malgré l’empathie, chacun est terrorisé pour lui-même et peu s’expriment vraiment.
Ce tiraillement constant entre violence subie et vocation intacte est terriblement usant.
User les gens est la méthode employée par ceux qui s’attaquent à la passion.
User de méthodes harcelantes, culpabilisantes, mensongères, absurdes, subtiles ou grossières en fonction de l’interlocuteur.
Cela m’évoque la perversion narcissique et les conséquences psychologiques qui se révèlent à travers les témoignages, confirment cette impression.
Installer un climat nauséabond.
Un sentiment de gâchis teinte les rapports.
Les mots sont rares pour les raisons évoquées, mais les regards sont chargés.
Combien d’institutions peuvent se targuer d’inclure dans leur rangs des gens fous d’amour pour leur lieu de travail ?
Pour certains, comme nous agents d’accueil, ce poste ne nous serait insupportable en un autre endroit.
A la Cinémathèque, cela devient un engagement passionné.
Quels que soient les postes occupés, ce terreau n’est-il pas miraculeux ?
Simplement des gens heureux d’être à leur place et collaborant dans des conditions sereines et stimulantes avec leurs collègues, tout simplement.
Je souhaite évoquer le cas particulier d’une chef d’équipe City One qui était respectée par tous, City One, internes, abonnés, jusqu’aux directeurs de la Cinémathèque.
Son implication était une vraie locomotive pour toute l’équipe.
Courant toute la journée, transportant des cartons de programmes pour le réassort de l’accueil, remplaçant les agents en poste pour leur permettre de se rendre aux toilettes, voire fumer une cigarette.
Cinéphile passionnée, enthousiasmée par la programmation, fréquentant assidûment les salles, connaissant les habitudes de chaque habitué, maîtrisant sur le bout des doigts, tous les ressorts de la Cinémathèque.
Son travail était parfait, mais son éthique lui interdisait de se plier à certaines consignes concernant les abonnés que l’on souhaitait écarter au maximum.
Elle connaissait ces gens, avec qui elle avait tissé des liens d’estime voire d’amitiés.
Cette humanité n’entrait ni dans les critères de Tiphaine C, ni dans ceux de City One.
Sincère et incapable de se composer un visage ou de mondanité elle passait pour insolente.
Elle devint la personne à abattre, la frondeuse.
Ils réussirent l’impensable avec méthode et acharnement.
L’équipe d’accueil fut violemment choquée de ce départ sans fondements autres que la quête de domination absolue de quelques personnes libres de tous scrupules.
Tout ce qui nous soudait s’effondra définitivement.
L’injustice de la situation occasionna des départs précipités de près de dix personnes sur quinze, y compris le mien.
J’assistais à l’effondrement d’une collègue que je prenais dans mes bras.
En l’espace d’un mois, ils avaient réussi.
Notre amour du lieu ne pouvait, à ce stade, plus lutter contre le cynisme et l’acharnement.
Nous ne serions jamais soumis, ils nous éliminèrent.
Pour revenir à notre chef d’équipe  et illustrer à quel point elle était légitime à ce poste, elle fut l’une des rares (sinon la seule) à être reçue en entretien par la direction, dans l’optique d’une embauche en interne.
Adoubée à tous les échelons de l’organigrammeinterne, mais pas assez docile, pour Tiphaine C et City One.
Lorsque monsieur Toubiana prétends ne pas comprendre le problème et réponds à Anna en tentant de la faire passer pour une midinette rêvant de cinéma (Libération) il fait preuve d’un cynisme et d’un mépris assez stupéfiants.
Par ailleurs il se défile en axant sa réponse sur le cas individuel d'Anna, alors que cette situation a été vécue par tous les employés dans la même situation et ce depuis des années.
Il y a un véritable paradoxe entre sa posture philosophique, politique et disons le mondaine et les conditions de travail du personnel externalisé.
Lorsqu'il prétend n'en avoir jamais rien su, c'est un mensonge éhonté.

Il y a eu des mouvements de grève qu'il n'a pu ignorer, des réunions de crise organisées par les délégués syndicaux qui nous soutenaient très activement.
Pour mémoire voici le texte de la pétition qui a été rédigé à l’époque (2010) par des syndiqués en interne :

 
Communiqué du CHSCT
de la Cinémathèque française
 
 
Depuis 2005, et la réouverture de la Cinémathèque française sur le site du 51 rue de Bercy, de nombreux changements dans la gestion du personnel ont été organisés. La direction a décidé de faire appel à des sociétés extérieures pour l'accueil et la billetterie.
 
L'accueil et la billetterie étaient jusqu'ici tenus par du personnel employé directement par la Cinémathèque française. La société externe comme la loi l'exige a été  choisie par appel d'offre. En 2005 c'est la société « Ceritex » qui a été désignée. Elle a très vite fait l'objet de nombreuses critiques de la part des organisations syndicales, pour les raisons suivantes :
 
- Harcèlement de ses salariés
- Remise des plannings au dernier moment
- Gestion incohérente de ses équipes
 
Fin 2007, le contrat de la société « Ceritex » n'a pas été renouvelé à la date d'expiration de l'appel d'offre et une équipe d'accueil entièrement nouvelle est venue s'installer sur le site. La direction de la Cinémathèque française a au cours de ce changement expliqué qu'elle prenait en compte les revendications des organisations syndicales et qu'elle s'assurait que « City One », la nouvelle entreprise, respecterait le droit du travail. Force est de constater que ça n'a pas été le cas.
 
En juillet 2008 une jeune chef d'équipe réputée pour ses compétences à été licenciée par la direction de City One.  Fin 2009, deux chefs d'équipe ont été forcés de démissionner par cette même direction. Ces départs forcés et précipités entraînent au sein de l'équipe la terreur du moindre faux pas et l'incapacité de se défendre syndicalement.
 
Le CHSCT pense que le recours à des appels d'offre pour des sociétés externes d'accueil et de billetterie est un processus pervers en ce qu'il offre une prime au moins disant social. De plus cela entraîne la précarisation permanente des personnels issus des entreprises choisies, puisqu'ils vivent dans la menace permanente de la perte du marché et de leur éviction du site.
 
Le CHSCT de la Cinémathèque française estime que la gestion de l'accueil de l'association par des sociétés externes ne peut pas engendrer des conditions de travail satisfaisantes pour la santé morale et physique des équipes d'accueil.
 
Il préconise donc :
- L'arrêt du processus de recrutement de société externe d'accueil et de billetterie par appel d'offre.
- L'embauche du personnel d'accueil de la société City One (y compris les personnes mutées ou forcées à la démission) par la  Cinémathèque française attendu qu'il a déjà fait ses preuves et reste le plus à même à assurer la continuité du rendu aux spectateurs.
 
 
Pétition:
 
Les subventions du ministère de la Culture
ne doivent plus servir à enrichir des entreprises privées qui ne respectent pas les droits des salariés !
 
C'est avec indignation que vous avez sans doute appris le départ précipité de deux agents d'accueil. Ceux-ci pourtant réputés pour leur sérieux et leur professionnalisme, sont tombés en disgrâce auprès de leur direction qui les a forcés à la démission. Ils sont les victimes de plus d'une doctrine managériale aveugle qui depuis 2005 vise à transformer le personnel d'accueil de la Cinémathèque française en salariés kleenex licenciables du jour au lendemain.
De nombreux salariés ainsi que des abonnés ont déjà fait part de leur indignation quant à cette gestion scandaleuse de l'accueil qui, outre son coût humain, ne peut à terme que nuire à l'image de l'association.
Pour cette raison les représentants du CHSCT demandent aux salariés de signer cette pétition qui demande à la direction de la Cinémathèque française :
 
- L'arrêt de l'externalisation de l'équipe d'accueil
- L'embauche immédiate des salariés de l'entreprise City-one
 
Nom                 Prénom            Signature

Tout le monde à la Cinémathèque était au courant de la situation, de Gavras au plus petit sous-fifre.

9 février 2016

Témoignage 24. Philippe S.

J'ai été chef d'équipe de la Cinémathèque Française de 2008 à 2010. Un poste que j'ai choisi ayant travaillé toute ma vie dans le spectacle comme assistant de prod/assisant secrétaire d'artistes et régisseur. J'ai accepté ce poste car il correspondait tout à fait à mes attentes jusqu'au jour où l'agence City One décide de nous mettre le couteau sous la gorge en nous proposant deux choix : accepter de changer de site de temps en temps pour nous envoyer, moi et mon équipe, sur d'autres lieux, en banlieue ou sur des missions de quelques jours sur des endroits complètement différents et pour nous inintéressants comme des accueils aéroports ou des laboratoires pharmaceutiques ...
La raison de ce changement de situation était que, "soi disant", moi même et mon équipe étions trop proches de la direction de la Cinémathèque et trop "sympathiques" avec nos abonnés. Un lien se crée quand on travaille dans ce genre d'endroits, passion et échange avec le public et le personnel de la Cinémathèque.

L'agence City One nous a proposée tout simplement, après des années de bons et loyaux services de nous muter sur d'autres sites pour nous écarter de nos bonnes habitudes ou de partir. Pour ma part, j'ai décidé de partir mais pas avec les indemnités proposées par cette agence qui était pour moi de 600€. J'ai donc engagé un avocat qui, en évitant le passage aux prudhommes, m'as obtenu, après tractations avec l'agence un départ avec 6000€.

J'ai conseillé aux autres agents de faire pareil mais pour la plupart, ils ont tous refusés car la peur de s'engager dans une histoire sans fin. Beaucoup sont partis sous la contrainte.
La Cinémathèque n'as rien fait pour nous retenir, même si nous avions demandé le soutien de certains employés bienveillants à notre égard.
La contrainte c'était une surveillance accrue de nos faits et gestes, un espionnage indécent de nos mouvements, une pression inhumaine ... Après tant de bons et loyaux services, nous voilà mis dehors tout ça parce que nous prenions tous notre tâche à cœur.

A cette époque, j'avais trouvé l'attitude de de la Cinémathèque et de l'agence vraiment odieuse, tout ça pour que City One conserve le budget de ce site et la Cinémathèque avait la main mise sur nous par rapport à l'agence, se considérant comme le prestataire à qui ont ne doit pas dire NON. Des histoires de "gros sous" qui ont influées sur nos emplois hélas.

Je constate que rien à changer depuis et que le scandale de ces agences d'accueil doit être mis au grand jour, vu que nous sommes considérer come des "klennex". Très souvent, nous faisions plus que notre travail, passion oblige, et jamais aucun remerciements ... Vous comprenez notre désarroi le jour où cette décision est tombée. Je recommande aux employés de ne pas se laisser faire pour le bien être du public, des abonnés et de la convivialité qui existait à notre époque.

9 février 2016

Témoignage 23.

J’ai travaillé en tant qu’hôtesse d’accueil polyvalente, à la CF, durant une année (2011/2012), en CDI 35 heures.
Ce n’était pas mon premier emploi. J’ai, évidemment, retravaillé jusqu’à aujourd’hui. J’ai même déjà été embauchée par d’autres agences d’accueil. En toute objectivité, ma collaboration avec City One a été ma pire expérience professionnelle.
Dès les premiers jours, l’unique chef d’équipe masculin, F, me portait une attention particulière. Restant près de moi pour discuter pendant que j’étais en poste, à se déplacer jusqu’au banc du parc de Bercy sur lequel je lisais un livre durant ma pause. Son omniprésence trop chaleureuse et ses manières familières me gênaient. C’était un de mes responsables. Je restais donc polie. Lorsqu’il a été agacé que je ne lui montre aucun signe de séduction, il a commencé à être agressif et à me retirer des droits, comme m’autoriser moins de pause que les autres quotidiennement (m’expliquant que, sur l’ensemble de l’équipe, lors du roulement des pauses, j’étais celle qu’il oubliait). Se permettre de jeter à la poubelle une barquette de fruit, non entamée, que j’avais achetée pour l’équipe (il était interdit de manger en poste, cependant, il arrivait souvent que nous apportions des friandises, croissants ou autres pour l’équipe. Nos responsables, les premiers). M’ignorer lorsque je lui demandais de l’aide pour le logiciel de billetterie, prétextant que j’avais déjà eu l’information en formation (c’était à mes collègues de m’aider à résoudre un bug ou tout autres erreurs/problèmes informatiques, indispensables au bon déroulement de mon travail). Il était l’unique responsable à ne pas me soutenir lorsque je m’étais faite insultée par un visiteur…etc.
L’agence avait demandé à nos trois chefs d’équipe, à ce que l’on soit présent sur le site une demi-heure avant la prise de poste, sans que cette demi-heure soit rémunérée. Cette demande n’ayant pas de pouvoir légalement, elle n’a pas tenue longtemps. Au début de sa mise en place, il m’est arrivé de ne pas la respecter et de me présenter un quart d’heure avant, le temps suffisant pour porter mon uniforme et être à l’heure en poste. Une de ces fois où c’était F . qui était chef d’équipe en binôme avec une autre responsable, V., je reçu un texto avant d’arriver sur le site de V. me disant qu’il était exagérément en colère contre moi et qu’elle en ignorait les raisons. Ce message m’a fait craquer. Je suis arrivée au vestiaire en pleurs, étant épuisée par ce harcèlement quotidien. Je me suis confiée à V.. Elle a relayé l’information auprès de M. notre interlocutrice de l’agence City One. Celle-ci a discuté avec F. qui a nié les faits. Je n’ai pas eu le droit de dire mon mot. M. m’a demandé de prendre du recul. Selon elle, il était évident que F. ne le faisait pas consciemment puisqu’il était quelqu’un de « gentil ». On m’a ensuite demandé de retourner à mon poste, que j’avais quitté cinq minutes pour avoir cette conversation. Ma confession n’a pas été prise en compte et plus personne n’a reparlé de l’affaire. Son comportement, par la suite, n’a pas beaucoup évolué. Il me rabaissait et me contredisait presque toujours systématiquement lorsque je parlais. Je communiquais avec lui uniquement lorsque je n’avais pas le choix, appréhendant toujours sa réaction. Nous avons commencé à avoir un rapport professionnel normal, au bout de huit, neuf mois de collaboration. Cette période correspond au moment où il s’était mis en couple.
A. était la plus ancienne chef d’équipe du site. Elle avait ses hôtes favoris, principalement chez les garçons et était moins aimable, voir pas et de façon visible, avec les filles, présentes en majorité. Il lui arrivait de souffler au téléphone pour une demande nécessitant son aide, de ne pas vouloir donner des pauses ou faire des changements pour alléger les quatre à cinq heures en postes des filles de l’équipe, d’oublier Anna (qui était nouvelle) à l’entrée de Tim Burton pendant six heures et de rire devant tout le monde lorsqu’elle s’en était aperçu (en plus de mettre la faute sur elle, qui aurait dû, selon A., se manifester), tenait des propos racistes avec des phrases telles que « Je n’aime pas les noirs ! », d’avouer qu’elle ne soutenait ni ne défendait les causes des agents d’accueil pour rester extérieure à un quelconque conflit (selon elle), de raconter des potins pour en créer, de dénigrer des hôtesses devant d’autres…etc. J’avais dénoncé son comportement à l’agence. M., notre interlocutrice, avait répondu qu’A. était quelqu’un de « jaloux de la jeunesse des hôtesses », que l’agence la « connaissait bien », que c’était des « simples enfantillages » et que je n’avais pas à relever. Elle n’a même pas été convoquée.
L’abandon de poste était considéré comme une faute grave qui, selon l’agence, était un motif de licenciement. Un jour où j’étais malade, j’avais envie de vomir en étant à l’accueil. Ne pouvant quitter mon poste sans y être autorisée, ma collègue avait appelé A. pour l’en informer. Celle-ci avait demandé à ce que je ne quitte pas mon poste tant qu’elle ne nous avait pas rejoints. J’ai dû rester pencher, souffrante, devant la poubelle de l’accueil, essayant de me cacher de mon mieux des visiteurs. A son arrivée, elle m’a autorisée à aller aux toilettes le temps qu’elle me remplace, me précisant de revenir le plus vite possible car elle était occupée. J’ai dû faire appel à un autre responsable pour avoir le droit de rentrer chez moi. Je suis passé chez mon médecin qui m’a arrêtée trois jours. J’ai eu le droit à un message de M. me faisant part de son agacement à me remplacer, « déjà que ça lui avait été contraignant de le faire à la dernière minute pour la journée, autant pour l’agence que mon équipe », selon elle.
Durant un an, je me souviens avoir été absente à deux reprises. Cette fois où j’étais malade et une autre où j’avais demandé des jours de repos, en janvier, pour le mariage de mon cousin en juin. Les jours de congés m’avaient d’abord été refusés. On m’avait répondu qu’il était interdit de s’absenter durant l’exposition Tim Burton. Je leur avais répondu que cette règle n’apparaissait pas dans le contrat. On m’avait répondu qu’elle ne faisait pas partie du contrat, mais avait été annoncée lors du recrutement. Je leur avais répondu que si ça avait été le cas, je leur en aurais parlé, puisque je connaissais déjà la date du mariage un an avant. Je n’avais pas eu de suite à ce mail. Après plusieurs semaines où je les avais relancés régulièrement et sans réponse, j’ai enfin eu M.au téléphone. Elle refusait de me donner mes congés pour la raison évoquée précédemment. Après lui avoir annoncé que dans ce cas je les quittais avant le mariage, elle a enfin accepté. J’ai dû donner des justificatifs pour prouver que j’étais bien à un mariage, pour des congés payés dont j’avais le droit par mon contrat et que je n’avais jamais encore posés. Pour chaque absence justifiée, l’agence tentait de faire culpabiliser avec des arguments comme « une personne en moins rend le travail d’équipe plus difficile », « modifier le planning ajoute une charge de travail, par notre faute », « un contrat ponctuel n’aura pas le droit à un jour de repos, puisqu’il est obligé de nous remplacer »…etc. C’était la première fois que j’évoquais l’idée de partir. Ce désir n’était pas une forme de chantage. Il était bien réel. Je considérais l’exposition moins importante qu’un événement familial. Après avoir réalisé que ce travail empiétait trop sur ma vie privée, j’ai recontacté M. pour lui annoncer que je désirais rompre mon contrat.
Toute demande (de prendre un jour de congé, à récupérer la part de salaire oublié) devenait un combat. Mails ou textos sans réponse. Appels qui n’aboutissaient pas à la personne concernée. Messages pas relayés. Nous n’étions pas considérés et ouvertement. Nous étions traités comme des personnes capricieuses.
Les erreurs de caisse étaient un sujet pour être convoqué. Pas le droit de créer des affinités avec les autres sociétés prestataires et les salariés de la cf. Si on prenait une pause cigarette, il fallait, sur le peu de temps de pause octroyé, trouver des stratégies pour se cacher des salariés de la cf. Il arrivait de patienter un long moment avant d’être autorisé à aller aux toilettes ou à quitter son poste lorsque l’un d’entre nous se sentait mal ou juste, pleurait à son poste (obligation de suivre les nombreuses procédures au risque de se faire renvoyer). On avait la pression à force de se sentir constamment surveillés et une peur démesurée de faire des erreurs. La bonne ambiance et les amitiés qui se formaient dans l’équipe étaient mal perçues. Les liens avec les abonnés où les autres salariés de la cf devaient être discrets, car ils étaient interdits par l’agence. Les plannings étaient modifiés dans la journée (Il arrivait de finir plus tard que l’heure annoncée sans pouvoir être remplacé. On devait s’adapter constamment).
Les faits évoqués plus haut ne sont que des exemples sur les nombreux événements désagréables que nous subissions quotidiennement.
Lorsque l’attachement à l’équipe et au lieu ne me suffisait plus à tenir moralement, j’ai demandé à rompre le contrat (cf : suite à ma demande de congés). M. a refusé mon départ, contrecarrant mes arguments un par un en les banalisant. Après un temps de réflexion, je me suis à nouveau tourné vers elle. Je souhaitais partir coute que coute. Face à mon obstination, elle m’a finalement proposé une démission. Cette offre ne me permettait pas d’avoir le chômage. J’en avais besoin, le temps de retrouver le même poste, sur un site culturel en CDI, sans passer par une société de sous-traitance. (jusqu’à aujourd’hui, je n’ai toujours pas trouvé de CDI en dehors d’une société de sous-traitance dans le même domaine.). Aucun employé n’est exemplaire, mais j’effectuais quand même mon travail et respectais les règles de mon mieux. Je n’avais jamais été convoquée, ni eu de reproches sur mon comportement (hormis leurs tentatives de me faire culpabiliser). Même si mon enthousiasme m’avait quitté dans ma vie privée, je m’efforçais à ce que cela ne change rien à mon sourire et mon dynamisme habituels. Je pensais être dans mon bon droit et ai donc demandé à M. de me diriger vers un de ses responsables, pour que je puisse avoir un autre type de rupture. Elle m’avait répondu qu’elle s’occuperait de transmettre l’information, en ajoutant que je n’aurais aucune chance d’obtenir ce que je veux. Après au moins deux semaines sans nouvelles, je m’étais permis de contacter d’autres personnes de l’agence, sans suivre le protocole de passer par M. J’avais réussis à avoir la responsable de l’agence au téléphone. Avant cela, évidement, j’avais insisté sur plusieurs jours. J’ai expliqué ma demande et les raisons de mon départ. Elle n’a pas relevé les raisons et m’a, à nouveau, proposé une démission. Pour une fois, j’étais en colère. J’avais beaucoup subis et sans faire de scandale. Sur un coup de tête, je les ai menacés de les dénoncer aux prud’hommes. Après plusieurs séries d’entretiens téléphoniques où l’agence me prenait enfin au sérieux, j’ai eu le droit à un rendez-vous qui m’a amené à une rupture conventionnelle à condition que je reste jusqu’à la fin de l’exposition Tim Burton, deux mois et demi plus tard. J’ai accepté. Je souhaitais partir au bout de six, sept mois. On m’a forcé à rester un an.
A l’époque, j’ignorais que ce que j’avais subis pouvait avoir du poids face aux prud’hommes et que c’était pour cela que j’avais obtenu ce que je désirais. A force de ne pas être considérée dans un métier épuisant moralement et physiquement pendant plusieurs mois, j’arrivais quand même à douter de ma légitimité. Je pensais donc, tout comme l’agence me l’avait laissé croire, que ma victoire sur ma rupture de contrat était un privilège, un service rendu de leur part. Je n’ai pas eu le droit à la prime de la fin d’exposition de Tim Burton, contrairement à tous mes autres collègues en CDI. M. s’était expliquée avec l’argument « qu’une rupture conventionnelle coute chère à une agence ». Ils gardaient donc ma prime pour combler mes frais. Je n’ai pas insisté. Etant enfin libérée d’eux, je souhaitais ne plus avoir de contact.

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9 février 2016

Témoignage 22.

Tout comme la plupart de mes anciens collègues, j'ai débuté le travail à la Cinémathèque française avec beaucoup d'espoir, de motivation et de plaisir. Cependant, j'ai décelé quelques petits désagréments dès le départ ou plutôt, j’ai été assez surpris de voir combien la hiérarchie était marquée. Moi qui travaille depuis mes 18 ans, j’ai pourtant eu l'expérience de la hiérarchie.
Mais là, c'était archaïque, c’est à peine si nous avions le droit de regarder nos supérieurs dans les yeux et si nous avions le malheur de tutoyer par mégarde la très haute responsable de la billetterie et de l'accueil des publics, nous avions le droit non pas à une remarque en direct (on ne s'adresse pas aux petites gens), mais à celles de ses « valets » qui descendaient pour nous indiquer alors qu'il ne fallait SURTOUT jamais recommencer... hallucinant.
Mais à ce fait plutôt anecdotique s'ajoute l'expérience avec ladite « Mussolini », responsable d'exploitation chez City One qui elle-même semblait avoir un dédain, voir un dégoût assez profond pour ses employés... Hormis ce comportement que je pensais, naïvement, plus de notre époque, nous devons en plus subir leur manque d'organisation (ou d’égard) avec des contrats qui n'arrivent pas ou qui arrivent au compte-goutte et un compte d'heure incorrect, et donc des papiers inexploitables lorsque l'on doit s'inscrire au chômage...
Autre point important et assez aberrant quand j'y repense ; en tant qu'employé de City One nous n'avions pas le droit de sympathiser avec ceux de la Cinémathèque, sous peine de se faire purement et simplement renvoyer. Les frontières devaient encore une fois être établies et nous autres en bas du bas de l’échelle ne devions en aucun cas nous mélanger au personnel de la CF. Ambiance. Si un poste se libérait au sein de l'organisme, ce n'était même pas la peine d'imaginer que nous pouvions y prétendre... non, mais franchement des larbins dans leurs bureaux ! Quel affront !
Pour en revenir à City One, j'ai eu la chance d'obtenir un cdd, et donc de travailler sans trop m'inquiéter de ne pas être rappelé... sauf que ça n'a pas duré puisque j'ai été relégué au poste de ponctuel. Au départ ça ne me dérangeait pas vraiment, j'avais un travail c'est ce qui comptait. Sauf que l'on m'appelait quasi la veille pour le lendemain pour savoir si je pouvais honorer une mission de... 2 heures voir 1heure… et finalement quasiment plus rappelé.
Si je disais non, j’avais le droit à une menace sous couverture, « c’est noté, je vois qu’on ne peut pas compter sur toi »… Ce genre de commentaires, franchement oppressants pour quelqu’un qui doit impérativement garder son emploi étaient assez fréquents.
Au rôle de bouche-trou s’ajoutent des heures de pauses extralongues, qui s’étirent parfois jusqu’à trois heures et malgré nos suppliques pour qu’ils revoient nos plannings, rien n’était fait. Comment travailler dans de bonnes conditions quand on est menacé sans cesse d’être viré, comment travailler avec envie quand on est surveillé sans cesse avec suspicion, presque comme si nous étions indignes de confiance. Ce n’est pas le bagne non, mais mis bout à bout, ces désagréments et ces conditions de travail tuent définitivement l’enthousiasme.
Malgré tout, j’y ai connu des gens adorables, tous très volontaires qui adorent ce lieu et j’y ai rencontré des clients extrêmement intéressants pour qui l’institution ne semble pourtant avoir que peu d’égard. En réalité, j’ai l’impression que si nous ne sommes pas des gens « importants » l’administration n’a que peu de respect pour tous ceux qui la font pourtant tourner avec amour. Quant à City One, les mots me manquent pour décrire la manière dont il traite leurs employés, en tout cas ceux affectés à la Cinémathèque Française. 
Je terminerai ce témoignage en appuyant sur le fait que je ne souhaite en aucun cas porter préjudice à mes collègues et en espérant que la Cinémathèque Française aura plus de considération pour ceux « d’en bas » en écartant par exemple, tout employeur se targuant d’avoir des similitudes avec des dictateurs fascistes.

9 février 2016

Témoignage 21. Adrien L.

Ayant travaillé 6 ans et demi à l'accueil de la Cinémathèque, j'ai un regard plus transversal sur la situation car j'ai eu l'occasion de connaître de nombreuses équipes d'accueil.
Depuis mon arrivée en décembre 2008, jusqu'à mon départ en mai 2015 je peux affirmer que la relation City One – cinémathèque est plus que problématique.

En effet, en 6 ans et demi, le refrain n'a jamais changé - entre autres : pressions généralisées, collègues à bout de nerf, repas à n'importe quelle heure de la journée avalé en 20 minutes, jamais un encouragement de la part de l'agence ou de la Cinémathèque, primes sucrées pour un oui ou un non, sans compter qu'il faut systématiquement se battre à la fin du mois pour percevoir son salaire au complet et son remboursement des transports pour qu'ils rectifient leurs «oublis ». Il est assez usant d'investir autant d'énergie dans des choses qui nous sont dues.  En CDI 25h mon salaire fluctuait entre 800 et 920 euros, sans explication.

Nous autres, équipe d'accueil, nous retrouvions donc seuls. Seuls, quand il faut prendre la responsabilité d'annoncer à une foule qu'il n'y a plus de place au risque de se faire insulter. Seuls, quand, pendant le succès des expositions Kubrick et Burton, des milliers de personnes s’agglutinent à nos caisses. Dans ces moments-là, « responsable de billetterie » rime souvent avec « fantôme ». Seuls aussi quand l'agence City One et la Cinémathèque se renvoient la balle en cas de problème sur le terrain.

Nos responsables billetterie, interne de la cinémathèque française ne se sont jamais intéressé à notre situation, elles l'ont même nié.
La première, froide et n'ayant manifestement aucun soucis de l'humain, à commencer par le simple « Bonjour » normalement de rigueur. J'ai aussi été surpris par ses moqueries méprisantes à l'égard des abonnés de la cinémathèque.
En ce qui concerne la deuxième responsable billetterie, chef de la précédente, j'ai très peu été à son contact en 6 ans et demi. Elle m'a adressé une fois la parole, le jour où,  j'ai assisté au suicide d'un abonné que je connaissais bien (je développe cette histoire plus bas dans mon témoignage).
D'une manière plus générale il est assez éprouvant de n'être soutenu ni par City One ni par la cinémathèque, sans parler de Monsieur Toubiana qui au vu de sa réponse à la lettre ouverte de ma collègue n'a pas l'air d'avoir travaillé au même endroit que nous.

Mais soyons honnête, puisque UNE seule fois, la Cinémathèque et City One se sont mis d'accord pour nous féliciter de notre travail après l'exposition Tim Burton. Le directeur, Monsieur Toubiana lui-même, avait convié l'équipe d’accueil à un petit déjeuner suivi d'un speech de remerciement, avec même une promesse : un « cadeau » pour tout le monde.
Le matin du rendez-vous nous apprenons que Monsieur Toubiana a un empêchement et qu'il ne pourra de ce fait être présent. C'est donc son bras droit qui s'occupe du discours. Malaise...
Mais après tout un empêchement peut arriver à tout le monde, nous recevons par contre bien le « cadeau » promis puisque le remplaçant du directeur est très heureux de nous distribuer à chacun une enveloppe, avec à l’intérieur... Une brochure de l'exposition Tim Burton. Double malaise...

Notre seule consolation était que nous étions une équipe d'accueil soudée et pour la plupart passionnés de cinéma.
Plus pour très longtemps... Mails de pression pour « re-motiver » les troupes, planning reçu la veille pour le lendemain, programmations de réunions non rémunérés lors de nos seules jours off (les mardis), harcèlement moral de plusieurs collègues femmes.
Les mois qui suivent, j'obtiens mon premier avertissement de la part de City One. Mon chef d'équipe ayant fait pleurer une de mes collègue à son poste en billetterie, j'ai un mot déplacé et assumé envers lui en privé dont est témoin un autre chef d'équipe. Deux jours plus tard je reçois une lettre à mon domicile disant que j'ai un avertissement pour avoir  « insulté mon supérieur devant le public ».
 Le rendez-vous à l'agence est pris pour une confrontation, j'explique l'histoire, que j'assume, mais je pointe surtout que le harcèlement moral dont ma collègue est victime.
Ma responsable C. G. me rétorque que je n'aurais pas du l'insulter en public mais en privé, en ajoutant : « Battez vous si vous voulez mais à cinquante mètres de la Cinémathèque » Je lui réponds que nous n'avions aucunement l'intention de nous battre et que les mots que j'ai eu avec cette personne, dont j'étais proche à l'époque, était en privé et qu'il n'y avait donc pas de public.
Ce que vont confirmer cette personne, chef d'équipe à l'époque, et le second chef d'équipe témoin de l'affaire. Ma responsable dont le jeu d'actrice est déplorable fait mine de comprendre et de s'intéresser à l'histoire de harcèlement moral que je dénonce et m'affirme qu'elle ne peut enlever mon avertissement pour autant.
A la suite de cet événément, quelques collègues et moi même demandons un rendez-vous à l'agence pour  pour pointer une nouvelle fois du doigt le harcèlement dont ma collègue est victime. Nous sommes reçu à l'agence, même jeu d'actrice de seconde zone, et aucune sanction ni mise en garde est envisagé.

Pourtant alerté à mainte reprise, nous n'avons aucune considération de l'agence et de la Cinémathèque face au mal-être de certains et ce déferlement d'injustices.

 Les jours passent et la liste des préjudices s'étoffe :
 Non respect des pauses obligatoires, accusation honteuse de vol, débordement raciste à l'égard d'un collègue qui est changé de site sans préavis pour un motif bidon, licenciement d'une autre collègue pour « faute grave ». Renvoyée publiquement, en pleine journée, dans la « salle des coffres » alors que l'équipe d'accueil est en train de travailler juste à côté.

Le 8 mai 2014, nous faisons grève.
C'est la première fois que je rencontre directeur du pôle art et culture de City One qui, découvre ses employés, lui aussi pour la première fois. A l'évidence il connaît très peu le sujet, il est clairement débordé par les questions et essaye de faire bonne figure devant nous, difficile au vu son visage bien rougeaud. Il essaie d'éteindre le feu en nous donnant rendez-vous à tous le lendemain matin à l'agence en nous promettant un dialogue équitable et la réhabilitation possible de notre collègue.
Le lendemain matin, le directeur des ressources humaines de City One  commence la réunion en disant que notre collègue ne réintégrera jamais la Cinémathèque puis prend un malin plaisir à dézinguer tout le monde . Son monologue et ses menaces déferlent puis la réunion s'achève, ainsi la grève.

L'après réunion/grève est très difficile à gérer pour beaucoup puisque bon nombre de mes collègues ne seront jamais reconduits et pour couronner le tout quelques mois plus tard la sentence tombe :
La Cinémathèque prolonge l'agence City One pour trois ans.
C'est la désillusion. Notre discours, une fois encore, n'a pas été pris au sérieux.
Nous avions vraiment l'impression d'être considéré comme des voyous à qui l'on donnerait une chance car les choses vont de mal en pis : mails de pression, visite régulière de l'agence pour s'assurer de notre  bonne tenue, installation de dizaine de caméra à l'accueil, à la billetterie et en salle des coffres, achat d'un coffre intelligent, installation d'un rideau de fer électrique en salle des coffres, obligation de faire un dépôt dans ce même coffre intelligent dès que notre caisse dépasse 100 euros de bénéfice, trois fautes de caisse autorisé minimum dans le mois sinon la prime saute, feuille mis en place pour comptabiliser les nombres de pause pipi des agents (2 maximums).
Nous étions passé du statut de petits voyous à une filiale du grand banditisme. Nous comprenons assez rapidement où est passé une partie de l'argent économisé en choisissant de renouveler le contrat avec l'agence « low coast » City One : il est dépensé en matériel de surveillance. A cette époque, je m'étonne moi-même de ne pas être obligé de porter un bracelet électronique...


Après cette affaire de grève, j'ai n'ai eu qu'une fois des nouvelle du directeur de la section pôle art et culture : quand l'agence City One m'avait crédité plus de 16 000 euros par erreur sur mon compte en banque. A ce moment, j'étais un vrai privilégié, j'avais le ponte du pôle art et culture et ma responsable de site, « le petit Mussolini », tous les jours au téléphone, même le week end.
Je n'ai pas le souvenir (mais je n'en suis plus certain), qu'il m'ait appelé suite au suicide d'un abonné, dont j'ai été témoin alors j'étais en poste. Moment très difficile à gérer pour moi. L'agence a été en dessous de tout et ne m'a jamais proposé quelques jours de congés payés, seulement proposer de ne pas venir le lendemain au travail.
Après quelques jours d'attente qui me semblent une éternité, la cinémathèque met en place un unique rendez-vous avec une psychologue et c'était bouclé. Tout ce beau monde est passé à autre chose. Excepté moi, - et, je l'ai appris en lisant les témoignages- une autre collègue a aperçu le corps de l'abonné inanimé. Elle n'a jamais eu le « privilège » d'un rendez-vous avec une psychologue malgré ses demandes à répétition. Honteux. L'image de l'abonné sautant et gisant sur le sol restera quelques mois dans mes pensées et mes cauchemars. Encore aujourd'hui.
En Octobre 2014, à bout, je demande une rupture conventionnelle, précisant bien que je suis encore traumatisé par cet épisode tragique et que c'est la principale raison pour laquelle il faut que je quitte la Cinémathèque.
A l'évidence ce n'était pas une raison assez crédible pour ma responsable City One et le directeur des ressources humaines. Ils pensaient certainement que je finirais, au vu du mal-être que je décrivais dans ma demande, par démissionner.  C'est d'ailleurs ce qu'ils m'ont suggéré.
Un nouveau coup bas, je me suis retrouvé honteux d'avoir partagé avec eux ma souffrance, pour espérer une sortie digne. Raté.
 Ils ont sûrement eu peur que je fasse quelque chose de regrettable en interne car huit mois plus tard, on m'impose carrément la rupture conventionnelle, suite  à une sombre histoire avec une nouvelle responsable de billetterie, m'accusant de mensonge et à qui je ne m'étais pas privé de signifier son incompétence.
La délivrance, j'obtiens dans la foulé mon deuxième avertissement.

Voici mon témoignage.
Anna n'est pas pas un cas isolé. Je tiens d'ailleurs à la remercier d'avoir redonné un peu de dignité à beaucoup de personnes qui ont croisé mon chemin à la Cinémathèque Française.

9 février 2016

Témoignage 20.

J’ai aussi travaillé pour City One, non pas à la cinémathèque française mais au musée Jean-Jacques Henner, dans le 17ème arrondissement de Paris. J’étais hôtesse d’accueil. J’ai eu un premier CDD de trois semaines en septembre 2012 et un second d’une semaine en octobre, la même année. J’avais 24 ans, je venais de terminer mes études en Allemagne, mon pays d’origine. J’avais décidé de m’installer en France. Je ne connaissais rien du droit du travail français et j’ai fait naïvement confiance sur ce point à la société qui m’employait. J’ai aussi vécu de l’intérieur la restructuration de cette société et l’arrivée de Cristina G. Elle est venue sur notre lieu de travail pour se présenter auprès du personnel et de la direction du musée. Elle m’a fait monter dans le bureau de la secrétaire générale et m’a humiliée devant elle. Nous étions trois dans la pièce et elle parlait de moi à la troisième personne, comme si je ne méritais aucune considération, moi petit personnel. Elle voulait contrôler la qualité de mon travail auprès de mes supérieurs. Elle m’a regardée de la tête aux pieds avec dédain et lancé « vous pensez qu’elle s’habille correctement ? ». J’avais l’impression d’être une bête de foire, j’étais très gênée. La secrétaire générale semblait mal à l’aise également. J’ai eu le sentiment d’être méprisée mais je n’ai pas pu me défendre. A cette époque, je ne maitrisais pas encore assez bien le français pour réagir. Pour City One, recruter des étrangers ou des étudiants sans expérience du monde du travail présente un gros avantage. Ils ne connaissent pas leurs droits et sont donc à la merci de l’employeur. Le moment le plus traumatisant de cette expérience à City One reste celui où j’ai décidé d’arrêter de collaborer avec eux. C’était à la fin de mon deuxième contrat. Je venais de trouver un CDI dans un domaine qui correspondait à ma formation en audiovisuel. J’ai écrit un mail à ma responsable pour l’informer que je ne serai plus disponible pour d’éventuels prochains contrats. Elle m’a appelée lors de mon dernier jour de travail, elle était furax. Selon elle, je ne pouvais pas accepter un CDI ailleurs sans son autorisation, je ne pouvais pas quitter mon poste du jour au lendemain, même si mon contrat se terminait le jour-même et que je n’avais aucune information quant aux prochaines embauches. Elle m’a même affirmé que si j’arrêtais de travailler avec City One, je devrais leur verser des indemnités car ils ne trouveraient personne pour me remplacer dans l’immédiat. J’étais désemparée. Encore une fois, j’étais limitée par mon niveau de français. Et surtout, j’étais persuadée d’avoir fait une faute. Je me suis effondrée. Mes collègues ont assisté à cette scène. Ils m’ont réconfortée et expliqué que non seulement on pouvait mettre un terme à un CDD mais qu’en plus, si celui-ci était terminé, j’étais libre de faire ce que je voulais. C’est vraiment sans regret que j’ai quitté City One.

8 février 2016

Témoignage 19.

J’ai travaillé à la CF pendant quelques mois, avec des contrats « à la semaine », avant d’être remercié abruptement (ou plutôt « habilement oublié »), sous de maigres prétextes . Si j’ai eu la chance de ne pas expérimenter les mauvais paiements et erreurs de salaire, je peux tout de même noter un certains nombres d’incidents, que je partage ici.
Dès le départ, on me forme pour la billetterie. On insiste à quel point il est impératif de ne pas avoir d’erreur de caisse. Dès lors, c’est ce qui retient le plus mon attention. Je fais de grands efforts pour être rapide et ne pas faire de faute.
Ayant déjà fait l’expérience d’un travail dans l’accueil dans une grosse structure culturelle, je sais que tout ne sera pas rose, mais cela ne semblait pas trop mal parti : les chefs d’équipe sont sympas et de notre côté, il n’ont pas l’air d’être là pour nous fliquer en permanence et nous mettre des avertissements, jusque là, ça me va.
Rapidement cependant, je vois les difficultés de ce genre de travail : journées longues et décalées ( de 11h ou 12h jusqu’à 21h ou 22h), pause « déjeuner » d’ à peine 20 minutes, à 17h-18h, une salle de pause exigüe, sans fenêtre, face aux toilettes qui exhalent une odeur d’égout  en permanence, pas de réduction au restaurant de la cinémathèque-hors de prix pour nos maigres salaires- et pas de distributeur de sandwich ni rien, aucun des avantages dont jouissent les employés de la Cf –on nous a bien créé un libre-pass pour assister aux séances gratuitement quand j’ai commencé à y travailler, il était valable 3 mois et n’a jamais été renouvelé, sans doute un « cadeau » que la Responsable Billetterie n’a pas voulu nous faire-  un brouhaha permanent, un public parfois insultant… on rentre chez soi complètement exténué, tout juste le temps de se coucher avant d’affronter le lendemain une autre journée de travail.
Et puis quelques faits « marquants » :
Je me rappelle cette soirée, où, après quelques heures vissés sur nos sièges devant notre caisse, ma collègue et moi réclamions depuis quelques dizaines de minutes à pouvoir aller aux toilettes. « plus tard , quand il y aura moins de monde » nous répond inlassablement une chargée de billetterie de la CF. mais ce « plus tard » ne semble pas arriver de si tôt, déjà la file s’allonge et notre pause-pipi semble s’éloigner d’autant plus… c’est alors que notre chef d’équipe de la journée revient, et il est tout bonnement scandalisé que la chargée de billetterie nous refuse notre droit à aller aux toilettes. Il s’éloignent de la foule pour s’engueuler, et lui revient, fulminant, pour nous autoriser à aller aux toilettes : « on empêche pas les gens d’aller aux toilettes enfin ! on est pas des animaux ! qu’est ce que ça veut dire , ça va pas ! » On y va à tour de rôle, penauds, sous l’œil mauvais de la CB.
Si je n’ai pas eu que très peu à faire à celle qui se qualifie elle-même de « petit Mussolini », j’ai en revanche bien mieux connu la responsable Billetterie de la Cf, chef des chefs pour nous, méprisant aussi bien les abonnés que le personnel, et qui n’a rien à envier à la première…
Un jour j’arrive pour ma prise de poste, parfaitement à l’heure (c'est-à-dire en avance d’une dizaine de minute), je croise la Responsable Billetterie de la CF, je m’apprête à la saluer quand elle m’aboie dessus « mais enfin dépêchez-vous, la billetterie ouvre à midi ! », sans plus de formes. Au début d’une longue journée de travail, ça a l’effet d’une douche froide. Je me précipite dans la salle des coffres récupérer ma caisse et j’y trouve ma chef d’équipe du jour, visiblement énervée elle aussi : « je rêve où elle vient de t’engueuler ? », je réponds oui, assez gêné. « Mais c’est pas vrai, il y a 15 minutes elle m’a demandé où tu étais, je lui ai répondu que tu n’étais pas là car ta prise de poste étant à midi, tu seras là, à temps,  quelques minutes avant midi, comme toujours ! je lui ai expliqué que tu n’étais pas en retard, et que tu ne le serais pas, que les agents étant payés à partir de midi, si la CF exige qu’ils soient là à moins le quart, ils devraient les payer à moins le quart, et que, les agents de sécurité ouvrant les portes à midi et pas avant, il est de toute façon parfaitement inutile que les agents soient en poste 15 minutes avant à attendre. Et malgré tout ces explications, elle t’a engueulé quand elle t’a croisé ? ».
Ce genre de réactions disproportionnées de la part de la RB de la CF était monnaie courante, quand on ne se faisaient pas pourrir devant les clients, c’était par téléphone ou dans un mail tout aussi agressif adressé à nos chefs d’équipe. Si par malheur nous avions des problèmes à l’accueil ou en billetterie, on faisait tout pour ne pas avoir à passer par elle, afin de ne pas se faire jeter pour rien. Ambiance ambiance.
Ayant eu le malheur de ne parfois pas être disponible les jours qui m’ont été assignés sur la planning, peu à peu je reçois de moins en moins de jours. Je sens qu’on me pousse subtilement vers la sortie. J’essaie malgré tout de montrer ma motivation, ma disponibilité… sans effet.  Quand je vois que je n’ai toujours pas reçu le planning du mois suivant alors que tous mes collègues l’ont reçu, j’appelle le responsable CO pour avoir des explications. « la cliente ne veut plus de [moi] ».et là toutes les excuses y passent : je n’ai pas l’air motivé, j’ai l’air d’être au bagne quand je suis à mon poste, je ne suis pas assez souriant…  on me dit même qu’on me l’avait dit et que je n’ai pas rectifié le tir. « dit, mais quand ? ».Mais oui, souviens-toi, cette fois où on t’a parlé entre deux portes, avec force généralités, sur « le manque de motivation de l’équipe ». Que du discours généralisé. Pas un seul mot m’impliquant spécifiquement. Je me demandais pourquoi on me faisait part de ça, à moi, au lieu d’envoyer un mail à tous les agents…  il aurait donc fallu que je lise entre les lignes, que je fasse cet effort là, pour lui éviter de faire son sale boulot de dire des choses désagréables à ses employés… et je me dis,  motivé pour quoi ? un travail mal payé sans perspectives d’évolution ? je suis pourtant heureux d’être à la CF, moi qui ait fait des études de cinéma, je suis content d’échanger sur les films avec les abonnés. Comment ne pas avoir l’air fatigué après 10h passées dans le stress, le bruit et la foule ? comment avoir l’air fringuant à 22h, quand tu es là depuis 11h du matin ? pas assez souriant ? oui c’est vrai, à 21h, entre deux films, quand il n’y a personne devant ma caisse, je ne souris pas, la fatigue se lit sur mon visage, certains croient même que je fais la tête (à tort). Mais quand un client arrive en face de moi, que je lui parle, je lui sourit en lui disant bonsoir, en lui disant merci, en lui souhaitant un bon film, je plaisante avec lui, je m’anime, car je suis en face d’un autre être humain ! je n’arrive pas à être un robot-sourieur.
A la suite de ce chapelet mauvaises excuses, je m’écris : « mais je ne fais jamais d’erreurs de caisse ! ce n’est pas ça le plus important ? je n’ai pas fait perdre d’argent à la cinémathèque ! ». eh bien non, ce n’est pas le plus important. CO et la Cf préfèrent des robots-sourieurs qui le restent en toutes circonstances, malgré leurs erreurs de caisses et imbroglio impossibles à démêler. L’erreur est humaine mais pas celle de ne pas sourire.


J’ajouterais, à l’attention de Monsieur Toubiana, que j’aimerais qu’il m’explique comment il aurait été possible que nous allions le voir dans son bureau, étant donné qu’il est à un étage verrouillé par un code, dont, nous, petit personnel, n’avons jamais eu la combinaison.

8 février 2016

Témoignage 18. Olivier

J'ai travaillé à la cinémathèque comme employé de la boutique -avant la création de la librairie proprement dite- lors de l'exposition Almodovar (2006). J'étais embauché par un prestataire de service, évidemment. Pendant plusieurs semaines, je suis resté près du couloir de sortie, entre une chanson en boucle qui semblait interprétée par Penelope Cruz -qui en fait était doublée- et le son de deux courts métrages -à peu près aussi fort- qui passaient eux aussi en boucle dans la salle attenante. Nous étions deux fort heureusement, car le libraire qui nous embauchait était lui un monsieur sympathique qui ne cherchait pas à tout prix à économiser de la main d'oeuvre, ce qui nous permettait de faire des pauses régulières, sans quoi je crois que nous serions devenus fous.
C'est à peu près à cette période que les agents d'accueil -souvent des passionnés de cinéma comme vous, comme moi- ont été externalisés. C'était déjà fait pour la sécurité. Un jour, j'ai discuté avec l'un des agents de sécurité, un monsieur d'origine ivoirienne, il était le seul à être syndiqué, me dit-il (CFDT), et il m'expliqua que la boite les envoyait de ci de là afin d'éviter de créer de trop grandes solidarités entre les employés. Quiconque l'ouvrait un peu trop faisait quatre ou cinq sites différents en grande banlieue la semaine, et tout rentrait dans le rang. À la cinémathèque, ils faisaient des services de 10h sans pause, et si quelqu'un s'avisait de s'en plaindre à la direction du lieu, on lui disait d'aller voir ça avec le patron de l'agence, qu'ici on n'y pouvait rien. Commode.
Je me suis souvenu à ce moment-là que le vigile du Forum des Images quand je fréquentais cet endroit était le même depuis longtemps. Il connaissait les habitués, était un collègue comme les autres, autrement dit une personne avec une voix, un visage, un nom.
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Lettres ouvertes à la Cinémathèque Française
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